VEF Blog

Titre du blog : Le blog d'un français non pratiquant
Auteur : abstentiovotepiednoir
Date de création : 21-03-2011
 
posté le 21-06-2011 à 07:27:36

Encore lui...

 

Qui a voulu assassiner l'amiral Darlan ?

 

 

 De Gaulle  et  l'assassinat,

une multitude de contradictions.

 

 

Le 24 décembre 1942, c'est-à-dire à la veille de Noël, François Darlan revient 

de l'hôpital d'Alger afin de voir son fils malade.

En rentrant à son bureau, le jeune aristocrate Fernand Bonnier de La Chapelle abat froidement de deux balles ce principal représentant de Pétain en Afrique du Nord.

Mais n'ayant eu le temps de s'enfuir, l'homme de 20 ans est immédiatement neutralisé.

Malgré le procès ultra-rapide et son exécution au bout de seulement deux jours, les policiers ont tenté de connaître les véritables cerveaux de l'opération.

 Les aveux du meurtrier, peu connu de la population française, vont pourtant nous donner une réponse sur le sujet.

Le jeune meurtrier, Bonnier de la Chapelle,qui n'a pas eu conscience de ses actes,

 croit naïvement que ses collaborateurs vont le sauver.  

 En effet, le lendemain, le 26, Bonnier sera condamné à mort,  puis il sera fusillé.

 

L'Affaire Darlan est devenue une énigme avec divers témoignages et de sources se contredisant.

Il est certain que les proches du comte de Paris et de Charles de Gaulle avaient prémédité l'assassinat de l'amiral. Il ne fait aucun doute que le comte de Paris devait être le bénéficiaire de sa mort.

On peut penser que celui-ci souhaitait le meurtre, sinon il n'aurait pas laissé ses proches agir alors qu'aucune pression n'était exercée à son encontre.

 Mais en tout cas, l'histoire a démontré que c'est quand même lui qui a profité de la disparition de Darlan, un adversaire politique et militaire en moins pour le général.

 

Mario Faivre, cité par Fernand Bonnier comme étant un de ses complices dans l'attentat,

va publier un livre intitulé

Nous avons tué Darlan,

en 1975 (Editions de La Table Ronde).

 

Dans ce livre, Faivre va expliquer que De Gaulle était aussi lié à l'assassinat,

en tentant de démontrer que c'est finalement lui qui a profité de la mort de l'amiral.

Jean-Bernard d'Astier de la Vigerie, qui est de la même famille que les monarchistes et les gaullistes du même nom, va participer à la rédaction de l'ouvrage, malgré l'hostilité de sa famille.

Tous les deux vont livrer des faits peu connus.

Cependant, le général gaulliste Béthouard ne croit pas à sa version des faits.

 

Faivre va alors lui envoyer une lettre daté dans laquelle il ne condamne pas l'acte envers Darlan auquel il a participé,

 mais lui explique que la manière de De Gaulle de régler des problèmes était identique durant la période 1940-45 qu'en 1958-1969,

même si les deux périodes n'avaient rien à voir:

 

"Vous m'écrivez, mon Général, que vous jugez de Gaulle absolument incapable de patronner un crime politique.

Si l'action de De Gaulle, de 1940 à 1945, malgré certains de ses aspects qui sont assez répugnants, a, sans doute, évité à la France un régime communiste à la Libération, je pense que son règne, de 1958 à 1969, n'est qu'une succession de crimes, certains inutiles, d'autres aux conséquences catastrophiques.

 Avoir, durant les années qui ont précédé son retour au pouvoir, fait voter à chaque occasion ses partisans avec les communistes pour enlever toute chance au régime démocratique et à la République de réussir dans ses entreprises, je pense que c'est un crime.

Avoir empêché l'Europe de se constituer à l'époque où c'était possible, je pense que c'est un crime.

Avoir promis l'Algérie française, pour reprendre le pouvoir, alors qu'il était déjà décidé à faire le contraire, je pense que c'est un crime.

Avoir détruit l'armée, je pense que c'est un crime.

La fusillade de la rue d'Isly, où plus de cent personnes, hommes, femmes, enfants, ont été assassinés alors qu'ils chantaient la Marseillaise, je pense que c'est un crime.

Le sac de Bad-el-Oued, meurtres, viols, pillages, je pense que c'est un crime. Les enfants tués sur les balcons par les gendarmes mobiles, parce qu'ils s'y trouvaient malgré le couvre-feu, je pense que c'est un crime.

Les gamins abattus sans sommation parce qu'ils inscrivaient O.A.S. sur un mur, je pense que c'est un crime.

 Les camps de torture, qui n'avaient rien à envier à la Gestapo, les assassinats commis par les barbouzes, je pense que c'est un crime.

Avoir livré l'Algérie au F.L.N. et à la misère, je pense que c'est un crime. Avoir abandonné le pétrole du Sahara livré à de douteux accords bancaires qui se sont révélés être des chiffons de papier, je pense que c'est un crime.

Avoir empêché les harkis de gagner la Métropole, vouant ainsi à l'assassinat plusieurs dizaines de milliers d'entre eux, je pense que c'est un crime.

Avoir assassiné par peloton d'exécution interposé mon ami Roger Degueldre, alors que la guerre d'Algérie était terminée et que ne pouvait plus être invoquée l'exemplarité, je pense que c'est un crime.

Avoir détruit ce qui restait de sens moral, peut-être enlevé ses dernières chances à notre civilisation, je pense que c'est un crime"

(Lettre de Mario Faivre au général Béthouard, 18 décembre 1975).

 

N'oublions pas non plus que le général avait aussi mit en place l'Epuration

qui avait suivit la libération, c'est-à-dire l'élimination de ses opposants,

 à partir de 1944, même si l'on sait que cet évènement lui avait échappé et

était devenu incontrôlable, ce qui engendra une mini-guerre civile en France 

avec la mort de 15 000 à 20 000 personnes, dont de nombreux innocents.

 

  Cependant, une émission télévisée consacrée à l'assassinat de Darlan 

 eu lieu en 1979 et était présentée par Alain Decaux.

 

Pour cette occasion, il avait recueilli des témoignages inédits qui semblent confirmer

la thèse de Mario Faivre.

Parmi les invités, Jean-Baptiste Biaggi évoque des confidences de François d'Astier au sujet du meurtre de l'amiral, comme on peut le lire dans le livre publié

par Alain Decaux à la suite de son émission.

Il mentionne :

"De 1956 à 1958, j'ai été très lié avec François d'Astier de La Vigerie.

Les deux frères m'ont souvent parlé de l'affaire.

Enfin, j'ai bien connu l'abbé Cordier.

Nous avons vécu ensemble à Pino, en Corse, au couvent des franciscains. C'était le temps de l'O.A.S. et je n'en dirai pas davantage.

" (Alain Decaux raconte, Editions Perrin, 1980).

Decaux explique dans ce même ouvrage

"Il semble évident que l'assassinat de Darlan a été évoqué explicitement entre l'envoyé de De Gaule [Henri d'Astier] et le prétendant à la couronne de France."

 

 

 


 

Commentaires

Frank THOMAS le 21-06-2011 à 11:27:16
La lettre citée est un peu trop systématique.

Elle a cependant le mérite de remettre en cause d'importants articles du dogme et de la religion gaullistes.