Pour sa première apparition publique depuis sa victoireà la primaire socialiste, François HOLLANDEa rendu hommage aux victimes, jetant quelques roses dans la Seine, du pont de Clichy.
«Je voulais être là, fidèle à la promesse que j'avais faite. Je suis venu témoigner de ma solidarité aux enfants, petits-enfants de ces familles endeuillées par ce drame»,
a expliqué le candidat à l'Elysée. «Trop longtemps cet événement a été occulté des récits historiques. Il est important de rappeler ces faits», a-t-il plaidé.
François Hollande, premier dérapage, s'est rendu sur le pont de Clichy,
d'où des manifestants avaient été jetés à la Seine.
Plusieurs associations et élus de l'opposition souhaitent que l'État reconnaisse sa responsabilité dans la répression de cette manifestation d'Algériens.
lA VERSION DE 2011
Le 17 octobre 1961, en pleine guerre d'Algérie, le mouvement indépendantiste du Front de libération nationale (FLN) exhorte à manifester pacifiquement contre le couvre-feu imposé aux travailleurs algériens par le préfet de Paris, Maurice Papon.
Contre ce qu'il qualifiait de mesure «à caractère raciste» mais qui entravait surtout ses activités, le FLN demande aux travailleurs de sortir en famille et de se débarrasser de tout ce qui peut être assimilé à une arme.
Cet appel se déroule dans un climat tendu : une série d'attentats contre des policiers a fait 11 morts entre fin août et début octobre.
Entre 20.000 et 30.000 personnes convergent vers Paris et font face à une répression policière sanglante. D'après plusieurs témoins, les forces de l'ordre tirent à balles réelles et jettent des hommes dans la Seine.
Environ 12.000 manifestants sont interpellés et regroupés. Certains torturés. Le bilan officiel est de trois morts et 64 blessés. Mais les historiens estiment que le décompte réel se situe probablement autour de 200 morts, voire «plusieurs centaines».
La realité
Le FLN décidéele 28 août 1958 de transporter la guerre en territoire français, et ordonné à ses commandos de combattre furieusement l'ennemi.
Cette décision s'est traduite par le massacre en métropole d'au moins 3.957 nord-africains, 150 Européens, 16 militaires et 53 policiers (le Monde du 20 mars 1962), auxquels s'ajoutent 48 harkis.
Quant à la décision de réagir, par une manifestation pacifique, au couvre-feu imposé le 6 octobre par la Préfecture de Police, elle n'a pas été approuvée par toutes les instances du GPRA.
Mohamed Harbi écrit dans le Monde du 5 février 1999 : « ce qui a joué dans le déclenchement de la manifestation du 17 octobre, ce sont plutôt des enjeux internes, voire des ambitions personnelles...On était proche de la fin...
Ce sont déjà des luttes pour le pouvoir dans l'Algérie indépendante ».
Cette manifestation ne peut être détachée du contexte, la guerre d'Algérie en 1961.
En mars 1961, l'ouverture de négociations avec le FLN à Évian, a été annoncée, négociations suspendues le 13 juin 1961.
En avril 1961, le putsch d'Alger, qui a échoué, a permis au général de Gaulle d'appliquer l'article 16 de la Constitution, d'offrir au FLN un cessez-le-feu de trois mois, qui fut refusé.
La guerre se poursuit toujours en France.
Le FLN et le MNA se battent pour contrôler une population d'environ 300 000 Algériens émigrés. À l'hôpital de Montfermeil, cité à forte population favorable au MNA, un commando du FLN avait tué 40 personnes.
Enfin, les saisies d'armes et d'argent - 500 millions de francs en novembre 1961 - montraient que le FLN n'était pas liquidé.
La presse avait rapporté l'attaque, le 8 juin 1961, de plusieurs postes de police parisiens par 33 combattants du FLN en tenue militaire. Huit policiers avaient été blessés, et les attaquants furent tous arrêtés.
Du 1er juillet au 30 septembre 1961, 14 policiers et gendarmes sont tués, sans compter des civils. Aussi, M. Brunet insiste-t-il avec raison sur l'état psychologique des policiers, victimes d'attentats presque quotidiens, ayant perdu en quelques mois 47 camarades, dont 15 supplétifs musulmans, sans compter les 140 blessés.
Attentats, combats entre Algériens, crimes de droit commun ne cessaient pas.
Entre le 1er et le 15 octobre 1961, l'Institut médico-légal avait reçu 50 cadavres.
Cette situation poussa le préfet de police, M. Papon, à imposer le couvre-feu aux Algériens et à leurs lieux de rencontre, les cafés.
L'objectif en aurait été double :
freiner les représailles que certains policiers seraient tentés d'exercer pour venger leurs camarades, et paralyser l'action des agents du FLN dans les bidonvilles de la banlieue. C'était une opération de reprise en mains alors que « le FLN avait besoin de résultats pour assurer son autorité.
Quel était le but recherché ?
Affaiblir la police ? Déstabiliser les autorités françaises ? Briser l'obstacle du couvre-feu, selon M. Haroun : « Défendre aux Algériens de sortir le soir, c'est pratiquement arrêter toutes les activités organiques, les éléments du FLN étant pratiquement tous des travailleurs qui ne peuvent militer qu'après les heures d'usine. »
Ali Haroun, op. cit. , p. 364. ...
LA SITUATION
Le FLN et la communauté algérienne
le FLN qui se distingue par une stratégie insurrectionnelle, se trouve en conflit frontal avec le Mouvement national algérien (MNA) et décide de passer à l'assassinat des responsables messalistes en France.
Cette guerre civile entre Algériens a sans doute coûté la vie à quelque 4 000 victimes.
Un des enjeux de cette lutte fratricide que se sont livrées les deux organisations nationalistes sur le territoire français, était l'encaissement de "l'impôt révolutionnaire", c'est à dire de l'extorsion de fonds ou racket, prélevé sur les travailleurs algériens en métropole.
L'imposition prélevée sur la communauté algérienne en France représente près de 80 % des ressources du FLN, le restant provenant des aides de la Ligue arabe.
Au total, depuis 1957, les services de la police ont dénombré 2124 attentats
imputés au FLN.
Dans la plupart des cas, il s'agit d'attentats visant des Algériens qui contreviennent d'une façon ou d'une autre à la loi du FLN.
1252 morts dont 75 policiers et 1291 blessés ont été enregistrés.
La participation à la manifestation revêt un caractère obligatoire pour les populations contrôlées par le FLN, ce qui n'empêche pas que par sympathie la majorité des manifestants penche du côté du FLN
Aux journées des 17 et 18 octobre vont succéder d'autres tueries, elles aussi liés à la guerre d'Algérie . lE 26 MARS, DeGaulle fera tirer sur les pieds noirs rue d'Isly, il permettra l'extermination de plus de 3000 pieds noirs enlevés à Oran et lachera sur les grandes villes d'Algérie une cohorte de barbouzes qui réprimeront sauvagement la résistance pied noir.
Seulement aucun des massacres de français en Algérie ne retiendra l'attention de toutes les bonnes âmes de gauche et catholiques de France.
Peu de français se soucieront des 150000 harkis génocidés que De Gaulle abandonnera aux mains de ses vainqueurs.