posté le 20-04-2012 à 03:50:13
Intellectuellement et politiquement, la France semble agonisante.
Le pathétique naufrage de Nicolas Sarkozy
Je
n’apprécie aucune forme de haine. Et celle qui s’est déversée contre
Nicolas Sarkozy depuis cinq ans pas davantage que les autres.
Cela
a commencé dès le moment de son élection et aux campagnes de démolition
menées contre la gauche et l’extrême gauche se sont ajoutées celles de
sites d’extrême droite au fumet très antisémite.
J’aurais
aimé, en ces conditions, pouvoir soutenir Nicolas Sarkozy. J’ai très
vite discerné qu’il se dirigeait vers l’ornière. Il est aujourd’hui
très largement trop tard. Il y a, en fait, longtemps qu’il est trop
tard.
Malgré
la haine à son égard, Nicolas Sarkozy avait toutes les possibilités en
main en 2007 pour entamer une opération de redressement. Il a tout
gâché.
Il
n’a tenu aucune de ses promesses. Il n’a jamais vraiment dit la vérité
sur l’état du pays et la situation planétaire. Il semble n’avoir jamais
eu la moindre stratégie de moyen terme et s’est contenté d’une
succession de décisions d’un instant que la décision de l’instant
suivant est venue défaire.
Il
ne se dit pas socialiste, et il ne l’est pas au sens qu’on donne à ce
mot au sein du parti socialiste, mais il l’a été au sens que ce mot
peut avoir dans les pays du monde où on parle anglais. Au Royaume-Uni,
il aurait été sur la gauche de Tony Blair et aux Etats-Unis, sur la
gauche de Barack Obama.
Il
ne se dit pas libéral et il n’est pas du tout libéral, et ne l’a jamais
été. Il faut le crétinisme absolu de l’ensemble de la gauche française
et d’une droite qui semble inspirée par Jean-Pierre Chevénement pour
voir du libéralisme chez lui.
Nicolas
Sarkozy est un étatiste autoritaire et impulsif, sans idées précises
sur quoi que ce soit, et dès lors ouvert à n’importe quoi ou presque.
Economiquement,
il laisse un pays tout au bord du dépôt de bilan, et puisqu’il n’a
jamais parlé en homme de conviction, il laisse aussi un pays sans
repères.
Socialement,
il a laissé se poursuivre le délitement de la société, de zones de non
droit en territoires perdus bien davantage encore qu’il l’étaient il y
a cinq ans.
En
politique étrangère, il n’a fait qu’accompagner la soumission du pays
aux engrenages de l’Union Européenne et d’une politique arabe qui est
en réalité une politique d’apaisement devant l’islam radical, et ses
gesticulations récentes ne peuvent effacer ses actes passés.
Après
s’être présenté comme un ami d’Israël, il a révélé avoir davantage
d’affinités avec Mahmoud Abbas qu’avec Binyamin Netanyahu, a osé
comparer l’Autorité Palestinienne au Vatican, et a contribué au vote en
faveur de l’admission d’un « Etat palestinien » à l’Unesco.
Après
s’être affiché avec Angela Merkel au point que des journalistes ont
créé le sobriquet « Merkozy », il a pris ses distances. Il pourra
effacer les distances ou les élargir au cours des jours qui viennent :
cela dépendra des sondages.
Et
je préfère laisser de côté charitablement la folle équipée libyenne
dont les conséquences sont visibles chaque jour en Afrique
subsaharienne.
J’aimerais
me dire que l’élection de François Hollande créera une situation pire
encore et me résigner à voter Sarkozy faute de mieux.
Je
pense qu’effectivement, avec François Hollande à la présidence, ce sera
pire encore. Mais je pense que Nicolas Sarkozy n’a plus la moindre
chance d’être réélu, ce qui m’épargne la nécessité d’aller voter.
Et tout en trouvant la haine qui pèse sur lui injuste, je pense aussi que sa défaite sera logique.
Ses
« ouvertures » à gauche ne lui ont valu aucune gratitude de la part de
ses adversaires, d’autant plus qu’elles se sont accompagnées de prises
de position xénophobes destinées à séduire l’électorat du Front
National.
Son incohérence généralisée lui a valu les réserves et la déception de ceux qui avaient pu lui faire confiance.
Tout
en pensant que sa défaite sera logique, il m’est arrivé d’avoir pitié
de lui et de le trouver pathétique. Il imaginait pouvoir reconquérir un
électorat par une succession d’annonces et de subterfuges. Il a
raisonné en adepte de la politique politicienne, et il semble paniqué
en découvrant qu’annonces et subterfuges ne fonctionnent pas.
J’ai,
cela dit, bien davantage pitié du peuple français que de Nicolas
Sarkozy, qui trouvera prochainement d’autres activités sans
difficultés, et je trouve bien plus pathétique la situation de la
France.
L’élection
de François Hollande va, sans nul doute, accélérer le glissement du
pays vers le gouffre, mais, même si Sarkozy avait été réélu, le pays
aurait glissé vers le gouffre. Plus lentement, c’est tout.
Derrière
Hollande se profile le silhouette du stalinien Jean-Luc Mélenchon qui,
par son score, quinze pour cent sans doute, montrera que les inepties
débitées pendant des années par Arlette Laguillier et par le Parti
communiste peuvent se recycler et trouver un écho chez des gens qui ont
moins de compréhension des principes de base de l’économie et de la
géopolitique que des animaux de compagnie moyennement intelligent.
En
troisième position, devant Mélenchon, on trouvera Marine Le Pen qui, si
elle tient un discours juste sur l’islam, tient, en économie, un
discours digne de celui de Mélenchon, et ne semble toujours pas
comprendre que la Russie est un pays à régime autoritaire aux alliances
douteuses, que les Etats-Unis sont, depuis des décennies, la puissance
vectrice de la liberté, et que ce qui sépare Israël des pays arabes est
ce qui fait tout la différence entre démocratie et totalitarisme. Le
discours sur l’islam tenu par Marine Le Pen ne peut me permettre de lui
accorder mon adhésion dès lors qu’elle se trompe sur le reste. Si ses
positions étaient celles de Geert Wilders aux Pays Bas, mes propos
seraient différents, mais ce n’est pas, ou pas encore, le cas.
Intellectuellement
et politiquement, la France semble agonisante. En regardant les débats
et les prestations des candidats à l’élection présidentielle, il
m’arrive d’avoir l’impression d’assister à des débats entre membres de
l’aile gauche du parti démocrate américain et membres de factions
gauchistes américaines, et à des prestations des mêmes gens. Dix
candidats, tous étatistes à des degrés divers, tous à diaboliser la
finance sans rien y comprendre, tous à proposer en matière économique
des absurdités qui étaient déjà ridicules au temps où Adam Smith
écrivait son Enquête sur la nature et les causes de la richesse des
nations.
En
regardant les livres en vente, je renonce, le plus souvent, à chercher
un livre sensé. Il m’arrive parfois d’en trouver un, peut-être deux. Le
seul magazine que je trouve encore lisible, Valeurs actuelles, publiait
récemment un dossier intitulé « Résister à la pensée unique », et on y
trouvait effectivement quelques personnes qui résistent, mais pas
toujours à la pensée unique. Etaient évoqués, à côté de gens
respectables tels qu’Eric Zemmour, Elisabeth Levy ou André Bercoff, le
linguiste Claude Hagège qui « résiste » à l’anglais (quelle belle
résistance !) et un débiteur de platitudes fades appelé Paul-François
Paoli.
Au
cours de l’été prochain, la France s’apprêtera doucement à rejoindre la
Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie sur la liste des pays
sinistrés.
Y
aura-t-il une recomposition sur la droite de l’échiquier politique
français après la défaite de Nicolas Sarkozy ? J’aimerais le penser,
mais j’en doute. Les penseurs libéraux et conservateurs en France sont
une espèce en voie de disparition en France. Je suis très bien placé
pour le savoir.